Histoire de l'uniforme à l'école

Par Arthur Lemoine - le 13/01/2024

L'uniforme, d'abord militaire et élitiste, a disparu après Mai 68. Les tentatives récentes de réintroduction, comme celle de François Fillon et Marine Le Pen en 2016, n'ont pas abouti. Historiquement, l'uniforme n'a jamais été obligatoire dans le public en France, sauf exceptions régionales.
Un lycéen à Nantes en 1862, Tristan Corbière.

L’uniforme scolaire apparaît après la création des lycées en 1802. Celui-ci avait une allure très militaire pour un enseignement comparable, c’est en effet une initiative napoléonienne.

Cette obligation a perduré jusqu’en 1914. Il est important de remettre ces informations en contexte : le lycée était en effet réservé à une élite et l’école obligatoire jusqu’à 13 ans uniquement.

On doit également rappeler qu’à cette époque existaient les châtiments corporels à l’école, et qu’ils étaient fréquents en cas d'indiscipline mais également de mauvais résultats. A noter aussi que l’uniforme n’était pas gratuit.

Comme le souligne Claude Lelièvre :

Il suffit de regarder les photos de classe d’époque – et il y en a des milliers sur Internet – pour constater de visu qu’il n’y a jamais eu d’uniformes dans le primaire public métropolitain et que si beaucoup d’élèves portaient des blouses, elles étaient plus ou moins disparates.

On peut également noter que "ces blouses ont commencé à disparaître dans les années 1960 lorsque la pointe Bic l’a remplacée."

Avec mai 1968, l’uniforme est alors totalement abandonné. La blouse disparaît également (après cette date) des écoles primaires où elle était davantage imposée pour des raisons pratiques qu'idéologiques. C’est en effet l’apparition du prêt-à-porter et de la machine à laver qui administrera le dernier clou au cercueil de cette pratique.

Un retour par la petite porte

Image représentant un enseignant très surpris de voir un uniforme de jeune-fille manipulé comme une marionette, frapper à la porte.

En 2003, Xavier Darcos, ancien ministre de l'Education Nationale, pense qu'adopter une tenue scolaire supprimerait " les différences visibles de niveau social ou de fortune". Il suggère à cette époque de créer un uniforme scolaire pour les écoliers de France. Son projet ne sera pas retenu notamment par manque de soutien de son ministre, Luc Ferry. Nous avons pu voir que cette justification ne tient pas dans notre article dédié.

En 2016, le port de l’uniforme est proposé au programme présidentiel de François Fillon et Marine Le Pen. Le candidat républicain avait ainsi parlé de “respect de l'autorité et le sens de l'effort”, ce qui n’est étayé par aucune étude comme nous avons pu le démontrer ici.

En 2017, Jean-Michel Blanquer profite d’une interview sur Paris Match pour ouvrir la possibilité d’une mise en place en cas d’adhésion locale pour lutter contre le consumérisme. L’idée peut être saluée mais ce n’est encore une fois pas constaté dans la pratique, l’uniforme étant en effet à acheter et renouveler au fil des années.

En juillet 2023, Gabriel Attal, alors ministre de l'Éducation Nationale, se prononce en faveur d’une expérimentation nationale avec les établissements volontaires.

Une obligation ?

Historiquement, le port de l'uniforme n'a jamais été obligatoire dans l'ensemble de l'enseignement public français. En effet, malgré quelques mises en place obligatoires comme dans les Antilles ou en Guyane, il est déjà laissé à la discrétion des établissements la possibilité de le mettre en place. C’est d’ailleurs déjà le cas dans certains établissements privés.

On peut même noter la réaction d'un responsable d'établissement en Guyane à propos du port de l'uniforme au lycée :

Mais je ne pense pas qu’il faille l’appliquer au lycée, cela uniformise trop. Les élèves sont plus grands et il faut qu’ils deviennent autonomes et apprennent la différenciation.

Pourquoi devoir attendre le lycée pour "apprendre la différenciation" ?

Certaines communes comme Provins ont tenté de le mettre en place. De 2018 à 2020, mais déjà à la rentrée 2020 peu d'élèves le portaient. Celui-ci était à financer par les parents. On peut d’ailleurs noter : “on ne pensait pas qu'il y aurait un tel tollé de la part des parents”. A bon entendeur...